2008/11/06

Roux et Combaluzier

– Le ridicule, dit-on, n’a jamais tué personne.
– Je vous en prie, épargnez-moi ça ! Rien ne tue comme le ridicule, les gens n’oublient jamais. Et quand je vois notre ami exposer sa vie privée…
– Il m’en a touché quelques mots.
– De sa vie privée ? Asseyons-nous, je suis curieux.
– Rien de bien personnel, mais comme je lui touchais un mot de ses exhibitions…
– C’est bien le mot !
– Je l’ai prononcé… Encore un poisson qu’il a noyé.
– Mais racontez donc.
– Il était assez volubile ; il y avait quelques verres de vin, nous nous servions… Non, vraiment, je ne préfère pas. D’ailleurs je ne me souviens pas.
– Ils promettent beaucoup, qui ne veulent pas tenir ! Vous ne pouvez pas me laisser sur ma faim.
– Si vous croyez que c’est facile. Imaginez-le. Du saucisson, une bouteille de graves, et voilà qu’il prend son air d’y avoir réfléchi et vous affirme paisiblement que la vie est un songe…
– Et qu’il vous emmerde, tout simplement.
– Il y a de ça, mais moi, on ne m’attrape pas si facilement : je ne relève pas et, très calmement, je l’entreprends sur Descartes. Vous savez comme il raffole de ces vieilleries.
– Il s’en rengorge. Continuez.
– Rien n’y a fait, ni cogito ni malin génie, il m’a regardé d’un air vague, s’est resservi et m’a demandé qui rêvait qui.
– C’est tout simple : il n’a plus toute sa tête.
– Je lui ai conseillé un médecin. Il y en a de bon sens.

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